Nous ne vivons pas seuls sur cette planète. Nous sommes entourés de millions d’organismes vivants. Certains se ressemblent mais aucun n’est pareil.

LA BIODIVERSITÉ, QU’EST-CE-QUE C’EST ?

On appelle la biodiversité l’ensemble de tous les organismes vivants, les différents endroits où ils vivent et les relations qui les unissent.

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C’est l’ensemble des espèces, animales et végétales, au sein de leur milieu. La diversité biologique, ou biodiversité, est devenue un enjeu majeur : les scientifiques pensent que le taux actuel de disparition d’espèces est plus élevé qu’il ne l’a jamais été. Chaque année, plusieurs dizaines de  milliers d’espèces disparaissent. On estime que la planète pourrait perdre jusqu’à un tiers de ses espèces d’ici 2050. Dans un écosystème, il y a des milliers de lieux, d’animaux, de végétaux, ainsi que des millions de relations possibles entre chaque élément. Ainsi, un écosystème est comme un énorme filet où chaque maille est un élément différent qui retient les autres en place. L’équilibre de chaque écosystème est maintenu par la présence de chaque élément. Si un élément est affecté, il peut occasionner des effets pouvant nuire à d’autres éléments, provoquant une réaction en chaîne qui bouleverse tout, comme un trou qui s’agrandit dans un filet. Ce qui affecte la faune et la flore affecte donc aussi l’Homme…

Environnement fleuri de Loos-en-Gohelle

LA BIODIVERSITÉ, À QUOI SERT-ELLE ?

On peut distinguer quatre grandes fonctions :

  • économique : ressource naturelle pour la vie quotidienne (nourriture, fibres pour l’habillement, bois de chauffage et de construction…), réservoir de principes actifs pour l’industrie pharmaceutique
  • écologique : purification de l’air et de l’eau, stabilisation et modération du climat, diminution des conséquences des sécheresses, inondations et autres désastres environnementaux
  • amélioration du cadre de vie
  • apprentissage : la biodiversité est un miroir de nos relations avec les autres espèces vivantes

LA BIODIVERSITÉ, QUE FAIRE POUR LA PRÉSERVER ?

En plus des phénomènes naturels, la biodiversité est aujourd’hui menacée par les impacts de l’activité humaine. Une des solutions est donc de protéger les habitats rares, via notamment les parcs nationaux, les parcs naturels régionaux ou les différentes réserves naturelles. Il faut également réduire les ruptures de continuité entre ces habitats protégés en rétablissant des liaisons du type “corridors biologiques”.

Bien sûr, il est aussi important de réduire les rejets de polluants, en luttant contre le phénomène de réchauffement climatique (source importante de disparition des habitats) ou en interdisant hors laboratoire la culture d’OGM (Organismes Génétiquement Modifiés), qui mettent en cause l’équilibre de l’écosystème.

La biodiversité, terreau de la qualité de vie

A Loos-en-Gohelle, la dimension environnementale est fortement présente. Pas pour des raisons idéologiques, mais bien par pragmatisme : là ou l’environnement est parfois considéré comme un luxe que l’on traite quand il reste quelques crédits, ou sous l’angle des loisirs et de l’esthétique, il a été considéré à Loos-en-Gohelle que l’environnement crée les conditions de vie (et, à terme, de survie) des habitants. Outre les enjeux liés à l’eau, à l’énergie, aux pollutions (des sols ou de l’air, etc.) et à la survie de l’écosystème (donc de l’Homme), les espaces naturels favorisent les activités de plein air, constituent des lieux de rencontre et de partage, améliorant ainsi la vie sociale des habitants et leur procurant du bien-être. Ainsi, l’environnement contribue au développement du « bien vivre ensemble ».

La pression humaine réduit physiquement les espaces naturels, les nombreuses pollutions (métaux lourds, produits chimiques, produits phytosanitaires…) atteignent les sols, l’air et l’eau qui sont les supports de la vie et enfin les prélèvements intensifs ou la culture d’OGM mettent en péril l’équilibre du vivant. Une situation illustrée par ces chiffres : 30% du territoire de la région Nord – Pas de Calais était constitué de zones humides (naturellement très riches) au XVIIIe siècle. Aujourd’hui, l’industrialisation (dont l’exploitation minière), les constructions de logements, l’agriculture  intensive ont réduit leur surface à 0,7%.

De plus, en dehors du cliché « exotique » et lointain des tigres, baleines et koalas en voie de  disparition, nous avons aussi des espèces menacées : chouettes, papillons machaons et autres, fréquents il y a quelques années, ne sont pratiquement plus observés à Loos-en-Gohelle.

DES ACTIONS DIVERSIFIÉES ET DES RÉSULTATS VISIBLES

C’est pourquoi la municipalité a mis en place en 2000 un Plan vert, puis en 2006 un Plan d’action pour la biodiversité, aidée par le CPIE Chaîne des terrils (implanté sur la Base 11/19). Ce plan d’action comprend des opérations spécifiques comme le bagage et le radiopistage d’oiseaux, ainsi que le suivi spécifique des hirondelles, mais aussi depuis 2008 un inventaire faune-flore détaillé. Plus globalement, cette politique environnementale a permis d’augmenter les qualités écologiques des espaces existants (plantation d’espèces régionales, application de la gestion différenciée…), de créer de nouveaux espaces naturels (bosquets, haies, zones humides…) et de relier les espaces entre eux (corridors biologiques) tout en favorisant les initiatives des particuliers (jardins, façades…) et les déplacements doux (de quartier à quartier ou vers les équipements publics). Stratégie payante : on constate par exemple, depuis quelques années, le retour du pic-vert qui avait disparu du territoire loossois.

Cette dynamique est toujours d’actualité, la commune saisissant toutes les occasions qui se présentent à elle pour améliorer son dispositif. Par exemple, des partenariats locaux avec les chasseurs et les agriculteurs ont permis la plantation de 2,5 km de haies et l’établissement d’un plan de gestion du gibier. En plus de favoriser la biodiversité, ces plantations permettent de lutter contre l’érosion des sols et favorisent l’infiltration des eaux pluviales… Dans un autre esprit, une opération VAE (test de Vélos à Assistance Electrique) a permis en 2008 de sensibiliser le public à l’utilisation de moyens de transport peu polluants. Depuis 2010, 4 VAE équipent en outre les services municipaux. La commune travaille enfin avec des indicateurs de biodiversité afin de mesurer les améliorations au fil des années.

Aujourd’hui à Loos-en-Gohelle, les principaux leviers de préservation de la biodiversité sont la Ceinture verte, la gestion différenciée et la sensibilisation des habitants.

LA CEINTURE VERTE, ESPACE D’ÉCOMOBILITÉ, DE BIODIVERSITÉ ET DE LOISIRS

 

Avec les orientations définies dans le Plan d’Occupation des Sols (POS) signé en 2000, la commune a cherché à maintenir une mixité sociale en matière d’habitat, à renforcer la cohabitation entre espaces naturels et espaces bâtis, à protéger l’espace agricole et à se donner la possibilité de mener des actions en matière de gestion des déplacements, de protection des ressources en eau… Des lots réservés y ont été prévus pour acquérir le foncier indispensable aux « liaisons vertes » et créer une ceinture verte.

La Ceinture verte, forte aujourd’hui de 15 km de cheminement en site propre, traverse la commune en reliant les équipements communaux (médiathèque, écoles, collège, salles polyvalentes, stades…) entre eux. Elle sert également de « frontière » entre les zones urbanisée et agricole (70 % du territoire loossois). Qualifiée en corridor biologique dès que l’opportunité se présente, permettant ainsi la reconquête des milieux par la faune et la flore, elle a permis de reconquérir des friches minières. La Ceinture verte comprend notamment un corridor enjambant la rocade minière (A21) et assurant la continuité entre la Base 11/19 et les terrils. Enfin, le Centre Régional de Ressources Génétiques (CRRG) y a planté des arbres fruitiers, en faisant un maillon de la préservation du patrimoine génétique végétal régional.

D’AUTRES PAYSAGES GRÂCE À LA GESTION DIFFÉRENCIÉE

Depuis de nombreuses années, la reconquête des friches (carreaux de fosses, terrils, cavaliers) est une priorité communale. Leur aménagement en espaces verts, fait à partir d’essences locales, est également pensé pour favoriser la biodiversité. Avec des résultats : d’ores et déjà, le retour de certaines espèces en ville est observé. Depuis 2004, l’ensemble des espaces verts est entretenu en gestion différenciée, qui laisse la part belle à un développement naturel et favorise la diversité des espèces (oiseaux, papillons…) qui y trouvent habitat et nourriture : Utilisation de méthodes alternatives  aux pesticides (désherbages mécanique et thermique), plus d’espèces sauvages et moins d’espèces horticoles, interventions mécaniques allégées, moins de tontes…

Résultat de la graduation dans l’entretien des espaces verts inhérente à la gestion différenciée, un paysage à multiples facettes se crée. En effet, pour gérer différemment, il faut définir l’aspect que l’on veut donner aux différents sites en s’adaptant aux scènes paysagères successives. À Loos-en-Gohelle, cinq types d’espaces sont définis :

  • floraux : espaces composés de massifs floraux, de jardinières et de suspensions florales (suivi particulier et beaucoup d’arrosage)
  • horticoles : parcs et jardins (entretien dit soutenu)
  • de fleurissement naturel en ville : prairies fleuries, qui ramènent la nature en ville et dans les quartiers, tout en favorisant le retour à la biodiversité (solution alternative à un fleurissement dit économique)
  • naturels : fourrés, terrils, zones à faible fréquentation (fauchage et ramassage annuel, entretien plus régulier aux abords des habitations). Lorsque cela est possible, des arbres morts sont conservés car ils amènent une véritable richesse écologique en abritant et nourrissant de nombreuses espèces d’insectes, d’animaux et de champignons
  • terrains de football (entretien soigné)

La ville est désormais bien avancée en gestion différenciée. L’enjeu actuel est donc de renforcer le dispositif dans certaines zones du territoire communal. De plus, la rotation du personnel rend nécessaire un plan de formation systématique par salarié. En effet, des faux-pas comme une fauche au mauvais moment existent encore. L’autre enjeu principal est la sensibilisation du public, afin qu’il comprenne l’intérêt d’espaces parfois moins beaux (selon les critères traditionnels) en fonction des saisons mais qui permettent à la nature de suivre son cycle. A noter qu’une gestion alternative ne signifie pas l’abandon de toute ambition esthétique : en 2008, Loos-en-Gohelle a obtenu sa Première Fleur au concours « Fleurir le Pas-de-Calais ». Une preuve de plus qu’il est possible d’obtenir des résultats probants en gérant l’environnement autrement…

LA MAÎTRISE DES TRAITEMENTS CHIMIQUES

L’objectif de Loos-en-Gohelle est, à terme, de ne plus utiliser de produits chimiques. Des sites comme les cités 5 et Belgique sont déjà à « zéro phyto » depuis 2005, grâce au désherbage manuel par l’association d’insertion 3 ID. Un effort de communication a également permis de sensibiliser la population, qui accepte désormais de voir quelques « mauvaises » herbes…

Les équipes d’espaces verts ont suivi une formation sur l’application des traitements phytosanitaires les sensibilisant aux dangers pour l’environnement et la santé humaine. De plus, après une période de test à grande échelle de méthodes alternatives de désherbage, elles utilisent désormais un désherbeur thermique sur certaines zones du territoire.

Au pied des massifs et bosquets, on utilise la technique du paillage, qui consiste à recouvrir le sol de mulch (déchets de bois produits par le service espaces verts lui-même grâce à un broyeur, à partir notamment de palettes et de déchets verts) pour prévenir la pousse des mauvaises herbes, réduire l’utilisation de désherbant, diminuer l’entretien des massifs, limiter l’arrosage, réguler la température des sols et protéger contre le gel.

 

SENSIBILISER LES PARTICULIERS : UN ENJEU FORT

La valorisation des ressources naturelles auprès du public, les actions de sensibilisation et de formation sont primordiales : la préservation de la biodiversité est l’affaire de tous et chacun. Ainsi, la gestion différenciée des espaces privés est un véritable enjeu : elle permettrait d’améliorer le maillage du territoire en corridors biologiques. Sans compter que les résultats des efforts municipaux peuvent être minimisés si les particuliers continuent à utiliser des pesticides à outrance…

Pour inciter les particuliers à prendre part à la défense de la biodiversité, des actions de sensibilisation sont régulièrement lancées à destination des écoliers et des habitants. Au début de la démarche, des opérations de plantation collectives (“2000 arbres pour l’an 2000”) ou individuelles (opération d’achat groupé “Fleurissons nos jardins”) ont permis d’amorcer la dynamique. Depuis, chaque école dispose d’un espace de plantations (avec un entretien plus ou moins efficace d’un établissement à l’autre) et des ateliers pédagogiques de plantation, d’entretien d’une mare ou encore sur la faune et la flore aquatiques, des visites de site, etc., leur sont régulièrement proposés en partenariat avec des spécialistes de l’environnement.

Les habitants se voient quant à eux régulièrement prodiguer des conseils via les journaux communaux Agir ensemble et Echos loossois, mais aussi proposer 6 à 8  sorties/manifestations nature par an (chauve-souris, plaine, etc., 170 participants en 2010), ainsi que des ateliers nichoirs (mangeoires, etc.). Ces derniers sont chaque année l’occasion d’aborder le thème de la gestion différenciée et de la biodiversité dans les jardins avec les particuliers.

Enfin, l’opération reconduite annuellement « Observer la nature à Loos-en-Gohelle » (comptage des nids d’hirondelles, des papillons, etc.) incite depuis 2007 les habitants à devenir des « sentinelles » et relais d’information. Cela leur permet de prendre conscience de la richesse de la biodiversité en ville. Cela contribue également à la connaissance des espèces présentes. Une connaissance indispensable pour agir pour leur préservation.

Cette action locale vise donc, sous forme de réseaux de particuliers qui réalisent des observations de terrain et assurent le référencement de ces observations (insectes, oiseaux….), à permettre de mieux connaître les espèces animales et végétales (recensement, déplacements…) ainsi que l’évolution du retour de la biodiversité. Une attention particulière est portée sur les hirondelles « rustiques » et « de fenêtres », ainsi que sur quelques espèces simples à reconnaître (mésanges, rouges-queues…). En plus de leur intérêt scientifique, ces opérations facilitent l’appropriation par les habitants des enjeux de la biodiversité… Ce dispositif porte ses fruits et par exemple, chaque année, Radio France se fait l’écho du retour des hirondelles à Loos-en-Gohelle.

LA BIODIVERSITÉ À LOOS-EN-GOHELLE EN QUELQUES CHIFFRES

  • 15 km de Ceinture verte, dont un corridor biologique au-dessus de l’A21 (2005)

En 2010, on a recensé sur le territoire loossois :

  • faune : 11 espèces d’oiseaux, 2 d’amphibiens et 1 de reptile concernées par les mesures spéciales de conservation selon les directives européennes ;
  • flore : 12 espèces exceptionnelles, 13 très rares et 39 rares.

Gestion différenciée des espaces verts :

  • 200 ha de gestion naturelle (friches) dont 15 ha de fauchage tardif, 15 ha de bois en gestion conservatoire (terrils 11/19…), 3,5 km de cavaliers en gestion naturelle
  • 110 ha de gestion espaces verts, dont 2500 m2 de prairie fleurie (augmentation chaque année)
  • Utilisation d’espèces régionales pour tous les espaces verts

Gestion alternative des eaux pluviales :

  • 100 % des eaux infiltrées à la parcelle ou récupérées sur les nouveaux aménagements depuis 1997
  • 50 000 l récupérés sur différents bâtiments (servent à l’entretien des espaces verts ou à l’alimentation des WC)

Entretien alternatif des voiries et trottoirs :

  • Aucune utilisation de produits phytosanitaires sur les voiries et sur les surfaces imperméables, utilisation restreinte sur 3 ha de surface perméable (300 litres en 2010, objectif 0 pour 2014)
  • Passage à la peinture à l’eau en 2010 pour les bâtiments et voiries
  • 5 parkings végétalisés, soit une soixantaine de places

Les terrils 11/19, véritables lieux de vie :

Les terrils 11/19, comme certains autres endroits de la commune, constituent ce que l’on appelle des “cœurs de nature”, des endroits où la faune et la flore sont particulièrement riches et qu’il faut protéger. On y dénombre :

  • 159 espèces animales : 88 espèces d’oiseaux, dont 41 nicheuses, 2  espèces de batraciens et 1 de reptile, 10 espèces de mammifères, 15 espèces  de libellules et 25 de papillons de jour, 7 espèces de coccinelles, 11 espèces d’orthoptères (sauterelles, grillons…)
  • 190 espèces végétales, dont 5 espèces exceptionnelles, 2 espèces très rares, 12 espèces rares.

Le 11/19 est par ailleurs de longue date un lieu de vie, d’éducation et de loisirs. Les terrils sont régulièrement investis par les promeneurs, randonneurs, coureurs, VTTistes et autres parapentistes, et l’année est ponctuée de temps forts comme le Trail des terrils loossois (labellisé course de montagne), le Défi des terrils, des week-ends de cerfs-volants, etc.  Une étude des terrils permettra d’identifier clairement ses usages et de penser l’aménagement du site pour les concilier avec la préservation de la richesse patrimoniale et environnementale du site (accent sur le « multi-usages »).